Discours sur l’état de l’Union de la présidente von der Leyen : les bonnes et les mauvaises nouvelles pour la défense européenne
Dans son discours du 16 septembre dernier, Ursula von der Leyen a tracé les grandes lignes de notre sécurité collective au sens large. Commençons par les bonnes nouvelles. Parmi les actions futures et les engagements pris, deux d’entre elles méritent d’être retenues :
– La création d’un cloud européen fondé sur Gaia X, qui vise, avec retard, il est vrai, à mieux exploiter les données, dont la croissance est exponentielle (« 80 % des données industrielles sont collectées mais ne sont jamais utilisées. C’est du gaspillage. »)
– L’accélération du programme de supercalculateurs européens : il est annoncé un investissement de 8 milliards d’euros dans la prochaine génération de superordinateurs, technologie de pointe «made in Europe». Cette annonce est également assortie d’un engagement pour l’Europe à se doter de ses propres microprocesseurs (dits « de prochaine Génération »). Sur ces deux initiatives, très structurantes pour nos économies, les entreprises françaises doivent se mettre en situation d’en tirer le meilleur parti. On peut s’étonner à l’inverse du peu d’ambition ou de vision concernant l’Europe de la défense : rien sur le Fonds défense (pourtant en cours de finalisation !), pas même un rappel sur les coopérations industrielles engagées, et rien non plus sur la crise que traverse l’OTAN, à l’exception d’un rappel rituel et quelque peu romantique (« nous chérirons toujours l’alliance transatlantique »).
On peut regretter enfin le peu d’ambition ou de détails sur la façon de parvenir à une Europe plus solidaire et plus efficace en matière de gestion de crise et notamment de protection civile. Les médecins roumains dépêchés en Italie au pic de la crise du Covid ne doivent pas nous faire oublier l’indigence de l’UE à coordonner la fermeture des frontières de ses Etats-membres et sa faible anticipation en matière de gestion de stocks. Cet angle mort est d’autant plus dommageable qu’il prive à terme l’UE de la visibilité positive qu’elle pourrait acquérir dans les moments de crise.