A la veille du sommet du G20, les 21 et 22 novembre à Riyad, l’Arabie Saoudite – qui le préside cette année – dévoile peu à peu les opportunités de coopération économique qu’elle propose à ses partenaires. Outre les grands projets connus – Neom, Al Ula, Red Sea, Amaala, Qiddiya, Diriya… – elle met l’accent sur deux domaines où elle espère attirer les investisseurs internationaux :
1 — Le secteur minier L’Ouest du royaume abrite ce qui est communément appelé l’«Arabian Shield» (le «bouclier arabique»), qui est une vaste zone – de la taille de la France – considérée comme la plus grande région minérale non-exploitée dans le monde et le site des plus grandes réserves au Moyen-Orient. D’une valeur estimée à 1,5 Md $, celles-ci concernent des dépôts d’or, d’argent, de chrome, de manganèse, de tungstène et d’uranium. L’objectif des autorités saoudiennes est de faire du secteur minier le 3ème pilier de l’économie du pays, après les hydrocarbures et la pétrochimie. Avec la réduction de la demande mondiale de pétrole – due au Covid 19 – le moment est donc venu de développer ces ressources inexploitées, d’autant plus que le cours de l’or s’est accru de 70% depuis la mi-2018 (La mine d’or de Mahd al Thahab est opérationnelle depuis 1988 mais n’a produit que 21.000 onces l’an dernier). Le 17 octobre 2020, l’Arabie a signé avec la Chine un contrat de 148,5 millions $ pour une étude des sédiments et métaux lourds de la région, en particulier des ressources en chrome, mercure et plomb. Pékin espère naturellement s’être ainsi bien placé lorsque les appels d’offres seront lancés. Il convient cependant de ne pas sous-estimer les difficultés que rencontreront les futurs développeurs pour extraire, raffiner et exporter ces produits. Le projet d’aluminium et phosphate a déjà coûté plus de 10 Mds $ et a nécessité la construction d’une ligne ferroviaire de 1.500 km pour transporter la matière première jusqu’à la côte Est, où se trouvent les capacités industrielles. Cette nouvelle industrie aura également un impact sur l’environnement, qu’il faudra prendre en compte. Mais le royaume a aujourd’hui besoin de nouvelles sources de revenus et d’emplois pour ses jeunes. Et si le secteur des services a la préférence des Saoudiens, c’est cependant celui qui a été le plus touché par la crise sanitaire. Il est donc normal que les autorités de Riyad tournent les yeux vers le secteur minier inexploité.
2 — Les privatisations et les partenariats publics privés (PPP) On se souvient de la privatisation l’an dernier de 1,5 % de la société pétrolière ARAMCO, qui a constitué la plus importante IPO de l’histoire (près de 30 Mds $). Certes, le calendrier des privatisations envisagées par la «Vision 2030» a pris du retard, mais le processus de sélection des projets concernés a bien avancé. Les autorités évoquent désormais plus de 100 projets, estimés à 90 Mds $, ce qui conforte le caractère central pour les affaires du royaume dans la région ANMO. Les principaux clients des PPP seront : • la «Saudi Water Partnership Company» ( SWPC), qui est chargée de développer les capacités de désalinisation à travers des projets indépendants, mais aussi d’améliorer la distribution d’eau et le traitement des eaux usées. La société a attribué en 2019-2020 quatre projets de désalinisation et trois de traitement des eaux usées. Le plan de 7 ans prévoit de développer 12 projets de désalinisation, 11 de traitement des eaux usées, 9 réservoirs d’eau stratégiques et 8 pipelines d’eau. • les projets d’énergies renouvelables, qui sont censés fournir 30 % de la capacité de 58,7 GW en énergies renouvelables (solaire, éolien) et nucléaire en 2030. • le secteur des transports, comportant notamment l’aéroport international de Taëf pour désengorger Djeddah dans l’accueil d’un nombre croissant de pèlerins à La Mecque. • les secteurs de la santé, de l’éducation et du logement. Ces différents projets ne sont pas tous au même degré de préparation, mais le processus de sélection est en marche et la loi sur les PPP est au stade final d’approbation. Cela montre que si la situation économique du royaume est encore morose – du fait de la crise sanitaire et de la chute des cours du brut – les autorités de Riyad n’en préparent pas moins activement la sortie de crise, en proposant aux investisseurs internationaux des projets d’envergure. Il serait donc opportun que nos entreprises manifestent leur intérêt pour ces nouvelles perspectives.