A cette question les jours qui viennent nous donneront une réponse. Le conseil scientifique mandaté par le pouvoir a renvoyé la balle dans un avis tout empreint de diplomatie prudente. Le cahier des charges qu’il construit sera un véritable casse-tête pour qui aura à organiser les élections régionales et cantonales.
Pour le Président Macron ces élections, qui se tiennent à quelques mois de l’élection présidentielle, dévoilent de nombreux risques ; gageons que s’il pouvait s’en passer sans trop de casse dans l’opinion il le ferait avec plaisir. Mais la résistance de toutes les forces politiques de gauche et de droite à un report devient difficile à surmonter. Le Président Macron à la suite de son élection en 2017 s’était donné comme objectif de faire naître une nouvelle force politique autour du mouvement construit pendant sa campagne.
Mais les marcheurs n’ont pas réussi à s’installer comme la nouvelle force politique nationale. Aux dernières municipales la moisson fut très réduite en élus matérialisant la faible implantation locale du mouvement. Il ne faut donc pas être un grand visionnaire pour prévoir que là aussi aux régionales le parti présidentiel ne sera pas une force montante et n’affichera pas de victoires. La tactique pour le pouvoir va donc s’imposer, brouiller voire rendre impossible une lecture nationale et politique. Le pouvoir macronien va donc s’ingénier à donner le caractère le plus local voire illisible à cette élection. Probablement en s’alliant avec la gauche ou en la soutenant et là avec la droite. Le barrage au Rassemblement National sera usé pour justifier ces attitudes. Pour la gauche et les écologistes c’est un enjeu totalement inverse. La gauche va vouloir marquer les esprits en conservant les régions qu’elle détient mais surtout en en gagnant d’autres. Mais la gauche toute la gauche sera-t-elle en mesure de respecter une logique unitaire? Chacun est dans une compétition pour affirmer son leadership. Les Verts sont tentés de jouer solo pour faire entériner un rapport de force qui les placerait en force montante et désormais indépendante. La pandémie et la gestion des municipalités vertes ne suscitent pas l’exemplarité.
Empêtrés dans leurs débats sociétaux, les Verts n’ont guère existé dans cette pandémie, ils ont même frappé les esprits par des décisions très controversées. La France insoumise va chercher à jouer, elle aussi, toutes les partitions possibles dans le sectarisme et dans la volonté d’exister comme paralysant des dynamiques unitaires. Reste le Parti Socialiste. Il dispose de Présidents sortants appréciés sur le terrain c’est aussi son maillage territorial qui va compter dans les élections départementales. Jouant à fond la carte de l’unité acceptant les impolitesses de ses partenaires il va être unitaire jusqu’au bout. Mais ces derniers jours le ciel s’est montré très peu clément. Le grand débat qui nourrit les rédactions et les chaînes d’infos en continu a montré l’existence d’un vrai débat entre gauche républicaine ou gauche sociétale différentialiste. Certes ces divergences dans des élections locales peuvent être mises sous le tapis, encore que le développement communautariste a désormais des conséquences même au niveau local (les cantines ou les sorties scolaires).
C’est donc une élection de tous les dangers pour le pouvoir en place et une élection de toutes confusions pour la gauche si elle ne clarifie pas en son sein les questions différentialistes. La droite va chercher à masquer ses divisions et ses compétitions internes dans un discours très consensuel. Nous le voyons ces élections vont passionner les états majors pas forcément les citoyens …