Les incertitudes sur les intentions iraniennes au Moyen-Orient

28.01.2022 - Regard d'expert

Au cours des derniers jours, des signaux contradictoires ont été relevés quant à une évolution possible de la position iranienne dans la région.

D’un côté certains développements paraissent encourageants :

  • Les discussions sur le nucléaire iranien ont repris à Vienne ;
  • Une mission diplomatique iranienne auprès de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) a ouvert ses bureaux à Djeddah ;
  • Les ministres chiites (Hezbollah et Amal) ont accepté de revenir au gouvernement libanais ;
  • Les contacts entre les services de renseignements saoudiens et iraniens se poursuivent à Amman.

Mais d’un autre côté, la confrontation militaire avec les Houthis, soutenus par l’Iran, est montée d’un cran :

  • Les combats au Yémen autour de Marib et les bombardements houthis sur l’Arabie Saoudite se sont renforcés ;
  • Le mouvement houthi a revendiqué des attentats à Abou Dabi.

En réalité, il n’est pas inhabituel que des discussions s’accompagnent de pressions sur le terrain pour renforcer la main des négociateurs.

De même, certains gestes ont une portée limitée et n’engagent pas outre mesure ceux qui les font :

  • L’ouverture d’une mission diplomatique iranienne auprès de l’OCI n’a pas une portée politique considérable ;
  • Le retour au gouvernement libanais des ministres chiites peut s’expliquer par la montée des pressions de l’opinion – y compris de la rue chiite – sur le Hezbollah et Amal, accusés d’empêcher le gouvernement de faire les réformes nécessaires, alors que la situation économique et sociale est grave au Liban.

Il est clair aussi que les contacts entre les services saoudiens et iraniens n’ont pas fait avancer les choses sur le dossier yéménite, pourtant prioritaire pour Riyad, et que les discussions de Vienne sur le nucléaire ne paraissent pas progresser rapidement.

La conclusion que l’on peut en tirer est qu’il y a, tant du côté iranien qu’américain et saoudien, une volonté réelle de tenter de parvenir à un accord pour faire baisser la tension dans la région, mais que les positions de fond sont encore éloignées et que les protagonistes poursuivent leurs actions sur le terrain pour renforcer leur main dans la négociation.

Bertrand Besancenot
Bertrand Besancenot est Senior Advisor au sein d’ESL Rivington. Il a passé la majorité de sa carrière au Moyen-Orient en tant que diplomate français. Il est notamment nommé Ambassadeur de France au Qatar en 1998, puis Ambassadeur de France en Arabie Saoudite en 2007. En février 2017, il devient conseiller diplomatique de l’Etat puis, après l’élection d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République, Émissaire du gouvernement du fait de ses connaissances du Moyen-Orient.