Apparemment, l’accord nucléaire entre l’Iran et les 5+1 (JCPOA) devrait être conclu à bref délai.
En effet l’obstacle introduit récemment par la Russie a été surmonté et toutes les parties souhaitent désormais signer cet accord, qui redonne vie à l’arrangement agréé en 2015.
C’est d’abord le résultat de la volonté du président Biden de régler ce problème de non-prolifération – malgré les réticences des Républicains, d’Israël et de l’Arabie Saoudite – afin de continuer à se désengager relativement de la région pour se concentrer sur la première priorité américaine, qui est la concurrence chinoise.
C’est aussi le souhait de Téhéran dont la situation économique désastreuse rend indispensable – en dépit des arrière-pensées des éléments conservateurs du régime – de parvenir, grâce à cet accord, à la reprise de ses exportations de pétrole et à un dégel de ses avoirs financiers à l’étranger.
C’est enfin la volonté des Européens, qui se sont battus pour garder en vie l’accord de 2015 face aux sanctions de l’administration Trump et aux violations iraniennes en retour ; mais aussi de la Russie et de la Chine qui n’entendent, pas plus que les Occidentaux, voir l’Iran accéder à l’arme nucléaire.
Il y avait en réalité urgence à deux titres :
- l’absence d’accord permettait à Téhéran de poursuivre l’accumulation d’uranium enrichi, le rapprochant dangereusement de la capacité nucléaire militaire;
- la guerre en Ukraine a notamment pour conséquence de renchérir fortement le prix des hydrocarbures, hypothéquant ainsi la reprise économique mondiale après la pandémie.
Dans ce contexte, le nouvel accord autorise la reprise des exportations iraniennes de pétrole, allégeant de ce fait la pression sur les prix ; et il suspend aussi la prolifération nucléaire iranienne.
Ce sont deux résultats dont on ne doit pas minimiser le caractère positif.
Il convient cependant de garder à l’esprit que la reprise des exportations de pétrole iranien prendra un certain temps et ne suffira pas à elle seule à compenser un embargo éventuel occidental sur les importations de brut russe. Par ailleurs cet accord ne fait que retarder de quelques années l’accès probable par l’Iran au stade d’État du seuil nucléaire, à l’échéance du traité. En outre, les pays du Golfe ne sont pas heureux de voir l’Iran revenir sur le marché pétrolier et sont préoccupés par le fait que l’accord ne couvre ni le programme iranien de missiles et de drones, ni les ingérences de Téhéran dans le monde arabe — qui sont leur principale source d’inquiétude. Quant à Israël, la perspective de voir le régime de Téhéran – qui nie son existence — parvenir au seuil nucléaire constitue une menace indéniable.
En somme, on ne peut que se féliciter qu’un nouvel accord nucléaire avec l’Iran éloigne — même provisoirement — l’accès de Téhéran à une capacité nucléaire militaire et que la reprise progressive des exportations de pétrole iranien réduise la pression actuelle sur les prix du brut.
Mais il convient de garder les yeux ouverts car cet accord va permettre à l’Iran de poursuivre le développement de son programme de missiles et de drones — qui ont montré leur capacité de nuisance dans la région — et de continuer à financer ses « proxies » au Moyen Orient en soutien des ambitions hégémoniques d’un régime qui n’a pas renoncé à son caractère révolutionnaire.