L’Arabie Saoudite va-t-elle rejoindre les BRICS ?

29.07.2022 - Éditorial

En mai dernier, l’Arabie Saoudite — comme l’Argentine, l’Égypte, l’Indonésie, le Kazakhstan, le Nigéria, Ie Sénégal, la Thaïlande et les Émirats Arabes Unis — a été invitée à une discussion (dite BRICS +) avec les membres du groupe des puissances économiques émergentes — Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

Le ministre chinois des Affaires Étrangères — puissance invitante — avait alors annoncé que ses membres « étaient parvenus à un consensus sur le processus d’expansion des BRICS » ; et son homologue russe avait précisé que l’Arabie Saoudite envisageait de se porter candidate à l’adhésion au groupe (comme l’Argentine l’a fait).

Pour Riyad, un tel mouvement serait conforme à son ambition de renforcer son statut international en devenant en quelque sorte un « acteur indépendant » sur la scène mondiale.

II ne s’agirait naturellement pas de renoncer à son partenariat stratégique avec les États-Unis (comme Ie montrera la prochaine visite à Riyad du président Biden), ni de jouer au « non-aligné », mais d’accroître son autonomie par rapport à Washington — et donc sa capacité de négociation — en diversifiant ses partenaires.

D’autant plus que les pays intéressés à se joindre aux BRICS sont déjà, pour la plupart d’entre eux — Égypte, Indonésie, Sénégal et Émirats Arabes Unis — des partenaires privilégiés du royaume et que les autres peuvent être considérés comme des États « modérés », compatibles avec l’alliance occidentale de Riyad.

Cela conforterait également ses liens économiques avec les pays du Sud, qui sont de plus en plus des clients de I’Arabie Saoudite.

Le format BRICS + aurait en outre le mérite d’être moins « anti-occidental » que l’Organisation de Coopération de Shanghai, qui apparaît comme une sorte d’extension de l’axe Moscou-Pékin, et où l’Iran a déjà un statut d’observateur.

II est donc clair que l’Arabie Saoudite est très intéressée par le cadre des BRICS +, mais il est aussi probable qu’elle ne prenne une décision définitive qu’après s’être assurée que Téhéran — qui s’est porté candidat — ne fera pas partie du groupe.

 

Bertrand Besancenot
Bertrand Besancenot est Senior Advisor au sein d’ESL Rivington. Il a passé la majorité de sa carrière au Moyen-Orient en tant que diplomate français. Il est notamment nommé Ambassadeur de France au Qatar en 1998, puis Ambassadeur de France en Arabie Saoudite en 2007. En février 2017, il devient conseiller diplomatique de l’Etat puis, après l’élection d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République, Émissaire du gouvernement du fait de ses connaissances du Moyen-Orient.