L’Iran et l’Arabie Saoudite ont annoncé, le 10 mars dans un communiqué conjoint, le rétablissement de leurs relations diplomatiques, à l’issue de pourparlers en Chine entre leurs responsables de la sécurité, Ali Shamkhani et Musaed Al Aiban.
Il a été convenu de rouvrir les ambassades et représentations diplomatiques dans les deux capitales, et cela dans un délai maximum de deux mois. Les ministres des Affaires étrangères se rencontreront pour mettre en œuvre cette décision.
Dans le communiqué conjoint, les deux pays remercient l’Irak et Oman d’avoir accueilli des pourparlers entre les deux parties en 2021 et 2022, ainsi que la Chine pour avoir accueilli et soutenu les pourparlers entre les deux pays. Ils soulignent par ailleurs leur “respect pour la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre”, conformément à l’accord de coopération sécuritaire signé en 2001 (et resté lettre morte). Ils déclarent enfin leur volonté d’exercer tous les efforts pour renforcer la paix et la sécurité régionale et internationale.
Il convient de rappeler que l’Arabie Saoudite et l’Iran ont rompu leurs liens il y a sept ans, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants en Iran, à la suite de l’exécution d’un célèbre religieux chiite, Nimr Al Nimr.
Depuis 2021, l’Irak a accueilli une série de réunions entre responsables de la sécurité pour rapprocher les deux pays.
En effet, Téhéran et Riyad soutiennent des parties opposées dans plusieurs conflits de la région, notamment au Yémen. L’Iran a une influence prépondérante en Irak et au Liban et soutient militairement et politiquement le régime syrien, ainsi que, de façon plus discrète, les Houthis au Yémen. Riyad, pour sa part, a pour priorité de faire refluer l’influence iranienne au Moyen Orient, acquise depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
L’annonce du rétablissement des relations diplomatiques est donc importante car elle apparaît comme un premier signe d’apaisement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Certes, la réouverture des missions diplomatiques avait déjà été évoquée dans les rencontres officieuses entre responsables de la sécurité, mais sa mise en œuvre permettra de rouvrir un dialogue officiel entre Téhéran et Riyad.
Le communiqué conjoint précise que cet accord est intervenu “en réponse à une initiative du président Xi Jinping”, ce qui donne le beau rôle à Pékin. En fait, il s’agit d’un geste politique de reconnaissance saoudienne de la place acquise par la Chine au Moyen Orient et un message de confirmation à Washington que l’Arabie va désormais diversifier ses partenariats comme elle l’entend.
Il reste que la méfiance entre Riyad et Téhéran reste entière et que, sur le fond, les Saoudiens attendent un geste des Iraniens, notamment au Yémen, avant d’aller éventuellement plus loin en matière de normalisation entre les deux pays.
Signe que beaucoup reste à faire pour apaiser les relations entre l’Arabie et l’Iran : des sources officielles américaines ont annoncé au même moment que des entraînements militaires anti-missiles et anti-drones conjoints américano-saoudiens auront lieu mi-mars.