Riyad vient de s’associer, en tant qu’État “partenaire du dialogue” à l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Le gouvernement saoudien a approuvé cette décision lors d’une réunion présidée par le roi Salman, a indiqué l’agence de presse officielle saoudienne, mercredi 29 mars.
L’OCS a été créée en 2011 par la Chine, la Russie et quatre États d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan). L’organisation s’est élargie à l’Inde et au Pakistan en 2016, et à l’Iran depuis 2021. Les buts de cette organisation sont avant tout géopolitiques, même si l’OCS vise de façon générale à “favoriser la coopération politique , économique et sécuritaire entre ses membres”.
Parmi les autres pays ayant le statut de “partenaire du dialogue” figurent l’Égypte, le Qatar et l’Iran. Ces pays participent aux réunions et peuvent faire des propositions. En revanche, ils ne participent pas au processus de prise de décision. Par ailleurs, trois autres États – Mongolie, Biélorussie et Afghanistan – sont simplement observateurs.
Cette décision de l’Arabie Saoudite de s’associer à l’OCS intervient moins de trois semaines après l’annonce d’un accord – sous l’égide de la Chine – sur le rétablissement des relations diplomatiques avec l’Iran. Le rôle du président chinois, Xi Jinping, dans le rapprochement irano-saoudien a naturellement suscité des froncements de sourcils à Washington, compte tenu du partenariat traditionnellement étroit entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Le porte-parole du Département d’État a cependant minimisé l’impact de l’annonce de Riyad, disant qu’elle était attendue de longue date et que “chaque pays a ses propres relations”.
Comment peut-on interpréter ce nouveau signe de rapprochement entre l’Arabie Saoudite et la Chine ? Il confirme d’abord que l’étroite coopération économique entre Riyad et Pékin prend désormais aussi une dimension politique. C’est le souhait chinois de jouer un rôle plus important au Moyen Orient, mais c’est aussi la volonté saoudienne de diversifier ses partenariats en marquant son autonomie par rapport à Washington. Les observateurs pensaient que l’Arabie rejoindrait les BRICS ; elle a choisi d’abord de devenir partenaire du dialogue à l’OCS.
En réalité, les Saoudiens ont été prudents dans leur approche : la décision a été prise lors d’un conseil des ministres présidé par le roi, ce qui évite la critique d’une nouvelle “foucade” du prince héritier ; l’Arabie est simplement “partenaire du dialogue” et non membre plein de l’organisation ; des pays comme le Qatar et l’Égypte ont déjà le même statut ; et cela donne à Riyad deux avantages intéressants :
- Le royaume consacre ainsi son ambition d’être plus présent en Asie centrale, dans une région où se trouve l’Afghanistan et plusieurs pays musulmans ;
- Maintenant qu’il a rétabli des relations diplomatiques avec l’Iran, cela lui permet d’équilibrer l’influence de ce pays dans cette organisation.
Les Américains sont naturellement conscients de ces éléments. Il reste que ce nouveau geste de Riyad envers Pékin ne peut pas être bien accueilli à Washington, d’autant plus que flotte la rumeur selon laquelle les Saoudiens auraient accepté que certaines de leurs livraisons de pétrole à la Chine soient réglées en Yuan. Si cette information était confirmée, elle aurait plus d’impact pour les Américains que l’association de l’Arabie Saoudite à l’OCS…