Vendredi 8 septembre vers 23h, la terre a tremblé très fortement au cœur du Royaume du Maroc à une soixantaine de kilomètres de Marrakech, frappant durement nos amis marocains. J’en ai été prévenu assez tôt, parce que nous avons d’une part une équipe d’une vingtaine de personnes sur place, animée par Florent de Chanterac, senior adviser de notre cabinet et manager de notre bureau de Dubaï qui épaule dans le cadre d’un contrat d’assistance le ministère des finances marocain pour l’organisation des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale qui doivent se dérouler à Marrakech entre le 9 et le 15 octobre prochains.
Une fois rassuré sur l’état de santé de l’ensemble des participants au projet (prestataires et équipe du ministère notamment), j’ai mesuré dans les heures qui ont suivi combien le Royaume du Maroc et son peuple étaient frappés dans leur chair par l’ampleur des dégâts matériels qui touchent la ville de Marrakech et celle de Taroudant, mais aussi les villages de l’Atlas de la province d’Al Haouz, dont certains ont été entièrement détruits et où l’on compte le plus grand nombre de victimes. Au moment où j’écris ces quelques lignes, près de 3000 morts et de 6000 blessés ont endeuillé le Royaume, les familles, nos amis.
Je tiens à témoigner du soutien de tout notre groupe, de nos collaborateurs au peuple marocain. Nous y sommes implantés depuis 2015, date à laquelle j’ai créé notre filiale à Rabat. Nous y sommes toujours et je me sens profondément marocain. J’appelle tous les amis du Maroc à se mobiliser autour du Royaume et à apporter leur aide aux Autorités marocaines.
Ce drame prend place à un moment où les relations diplomatiques entre le Maroc et la France connaissent un coup de froid que je déplore et qu’il faut savoir surmonter. Le Maroc est notre ami et les Marocains sont nos frères. Nous avons un passé commun, des échanges constants, des formations communes, une langue partagée. Le Maroc est probablement le pays où je me suis le plus souvent déplacé dans ma vie, et je ne crois pas être le seul français dans ce cas. Près de 2 millions de marocains vivent dans notre pays et contribuent à sa richesse, à sa culture, à nos valeurs. Lorsqu’on est ami, on peut bien-sûr ne pas être d’accord sur tout. Mais on doit se respecter et être d’accord sur l’essentiel. Et quand un ami souffre et connaît des périodes difficiles, il faut être à ses côtés, l’écouter et le réconforter. C’est à la France, à mon pays, de faire les efforts nécessaires et de dire à notre ami, le Royaume du Maroc, des choses fortes dans cette période.
Je comprends la frustration vécue par nos amis marocains dans une période récente sur la nouvelle politique de visas mise en œuvre par le gouvernement, pour des raisons que l’on peut entendre, bien sûr, mais qui ont pu heurter et être vécues par des gens qui nous aiment comme des mesures vexatoires, parfois humiliantes, et de rejet, notamment par ceux qui en ont été victimes. Nous allons au Maroc librement. Les Marocains doivent pouvoir faire de même et en tout cas ne pas être ostracisés.
Le Maroc mène par ailleurs un combat depuis près de 50 ans pour faire reconnaître sa souveraineté sur les territoires du Sahara occidental. En novembre 1975, je me souviens de cette grande marche verte pacifique initiée par Hassan II pour récupérer ces territoires qu’il estimait partie intégrante de son pays. Ces territoires sont désormais marocains. En 2022 et 2023, des avancées diplomatiques significatives sont intervenues en faveur de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ces territoires du Sud. Si les USA et Israël ont notamment reconnu très clairement la souveraineté du Royaume sur ses territoires, 11 pays européens, dont 10 de l’Union Européenne (notamment l’Allemagne et l’Espagne), ont marqué leur soutien clair au plan d’autonomie présenté par le Maroc dès 2007 devant l’ONU, le considérant comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend.
Nos amis marocains, tout le peuple marocain, attend de la France ce que l’on peut attendre d’un ami fidèle et historique. Rien ne justifie aujourd’hui que la diplomatie française ne se mette pas en mouvement comme l’ont fait d’autres pays avant nous. Je ne sous-estime en rien les points de vue des autres États de la Région, mais le chantage permanent que nous subissons depuis de nombreuses années sans contrepartie a, me semble-t-il, assez duré. Dans cette affaire, nous devons être aux côtés de nos amis et je me sens pour ma part résolument marocain. J’attends aujourd’hui de notre diplomatie et du Président Macron un mouvement dans ce sens.
Cela ne nous empêchera pas de dire à nos amis qu’il y a des comportements inacceptables entre nous, et l’affaire d’espionnage Pegasus fait partie de ceux-là. Mais nous serons d’autant plus crédibles à le dire que nous serons, nous-mêmes, irréprochables.
Je veux dire ce soir une nouvelle fois au Maroc et aux marocains toute mon émotion et ma sympathie face au drame qui les touche dans leur chair. Nous sommes tous mobilisés pour vous aider. Vous pouvez compter sur nous, sur vos amis. La France est votre amie.