L’Académie diplomatique et consulaire : un message du directeur (ancien de la maison)

25.10.2024 - Éditorial

Lorsqu’il m’a été proposé, il y a un peu plus d’un an, de préfigurer une Académie diplomatique pour le Quai d’Orsay, j’ai été à la fois heureux de cette mission et surpris d’avoir à imaginer une institution qui existait déjà chez la plupart de nos principaux compétiteurs ! Comment avions-nous fait jusque-là ?

Sur le volet formation, des moyens importants y étaient déjà consacrés de longue date : accueil des jeunes diplomates, préparation des agents à leurs missions à l’étranger, professionnalisation des filières…Le ministère, fort heureusement, ne partait pas de rien, il s’agissait donc, pour l’essentiel, de mieux structurer les parcours, d’accompagner les talents, de poursuivre notre ouverture et notre accueil à des agents extérieurs au ministère, mais aussi de doter le ministère d’une culture commune.

Dans sa forme actuelle, l’Académie diplomatique et consulaire, outre la formation, va également couvrir un champ d’action plus large, correspondant à trois nouvelles missions :

–  Impliquer davantage les Français pour faire vivre et rayonner notre diplomatie (avec notamment la création d’une réserve diplomatique citoyenne) ;

–  Ouvrir davantage le ministère au monde de la recherche pour être davantage présent dans le débat d’idées, mais aussi adapter nos outils aux nouveaux enjeux et aux nouveaux métiers de la diplomatie ;

–  Forger des partenariats avec nos principaux partenaires, accueillir des diplomates étrangers pour se comprendre et bâtir des alliances (notamment sur les enjeux globaux)

Pour les lecteurs de cette lettre, je mettrai l’accent sur trois initiatives qui concernent à la fois les dirigeants de l’Etat, mais aussi le secteur privé, voire les élus, et de manière plus large la société civile.

1/ La possibilité de rejoindre la réserve citoyenne, tout d’abord

Evoquée une première fois en mars 2023 par le Président de la République, cette réserve diplomatique citoyenne s’inspire des réserves déjà existantes dans d’autres institutions (armées, gendarmerie, éducation nationale, réserve sanitaire, …). Elle doit nous permettre de renforcer le lien citoyen, de mieux faire connaître l’impact des choix de notre politique étrangère sur la vie des Français, et partant, de susciter davantage d’engagement de nos compatriotes au service de notre diplomatie.  Les premiers recrutements devraient intervenir avant la fin de l’année, une campagne d’information sera lancée d’ici là.

Ce lien citoyen prendra plusieurs formes ou modalités d’action : le recours à l’expertise, qu’il s’agisse des Français expatriés, des filiales étrangères de nos grands groupes, ou encore de toutes celles et ceux pour qui l’international est le terrain de jeu ordinaire et dont les compétences et l’expérience peuvent être partagées ; la diffusion de la culture diplomatique dans la société, à travers des personnalités d’influence à fort rayonnement (journalistes, chefs d’entreprises, dirigeants d’ONG…) ; des actions concrètes au bénéfice de notre politique étrangère (armement de cellules de réponse téléphonique en cas de crise, participation à la préparation ou à l’organisation d’événements internationaux en France).

2/ La participation au Collège des hautes études diplomatiques (CHEAD)

Conçu sur le modèle de l’IHEDN et des cycles de hautes études, le CHEAD a pour objectif de sensibiliser sur un an à l’action du Quai d’Orsay un public sélectionné exerçant des fonctions exécutives à un haut niveau de responsabilité (cadres du public et du privé, journalistes, chercheurs, universitaires, élus nationaux et locaux, entrepreneurs…) et dont l’activité comporte une dimension internationale.

La session 2024 a ainsi rassemblé 36 auditeurs (secteur privé, élus, fonction publique, médias, monde associatif…). Le programme comporte, outre des conférences et des échanges avec les principaux cadres du ministère et de nos opérateurs, des missions au cœur des institutions européennes, des voyages d’études en ambassades, la participation à des colloques ou événements internationaux, des collaborations inter-cycles (Défense, Culture, Economie…). Cette formation est sanctionnée par un certificat remis par le Ministre et permet d’accéder au réseau des anciens auditeurs du CHEAD.

Les inscriptions seront closes mi-novembre, ne tardez pas !

3/ La visite de la Fabrique de la diplomatie

Evénement phare de l’Académie, ouvert à tous les publics, la Fabrique de la diplomatie a vocation à devenir le grand rendez-vous annuel fédérateur rassemblant autour du ministère sur un même lieu les organismes de recherche, de formation supérieure, les think tanks, mais aussi l’ensemble des praticiens de l’action internationale de la France : les grandes directions du MEAE, les opérateurs de l’Etat, les entreprises actives à l’international, certaines organisations de la société civile, des collectivités territoriales, les institutions qui œuvrent au rayonnement international de notre pays dans tous les domaines.

Deux jours durant, début septembre, à travers des animations (panels, ateliers, serious games…), et des stands tenus par les participants, cet événement poursuivra trois objectifs : informer le grand public sur les acteurs, les actions et les enjeux de l’action internationale de la France ; consolider en interne le sentiment d’appartenance collective à l’équipe France ; et bien sûr susciter des vocations !

Dans le cadre du forum et des débats organisés sur place, la Fabrique de la diplomatie permettra également de faire l’état des lieux des enjeux et des connaissances disponibles sur les grands thèmes liés à l’action internationale de la France.

Au total, nous aurons donc, je l’espère, trois bonnes raisons de vous revoir bientôt : comme réservistes, comme auditeurs ou comme visiteurs !

Didier Le Bret
Didier LE BRET, directeur de l’Académie diplomatique et consulaire et ancien associé senior ESL & Network, est diplomate de carrière. Il est notamment nommé ambassadeur de France en Haïti en septembre 2009, fonction qu’il exerce jusqu’en décembre 2012. Durant sa mission, il aura eu à gérer et à coordonner la réponse française au séisme du 12 janvier 2010. Il dirige le Centre de crise du Quai d’Orsay de 2012 à 2015 avant d’être nommé Coordonnateur national du renseignement, auprès du Président de la République, fonction qu’il exerce de mai 2015 à septembre 2016.