Notre capitale vibrionne sous l’effet des rumeurs, s’agite dans le sillage des coups de force judiciaires ou au contraire des coups de force contre les jugements rendus par la justice. Les invectives des uns répondent aux provocations des autres et la vérité et le discernement disparaissent progressivement sous les assauts des ‘’fake news’’ véhiculées sur les réseaux sociaux.
Pendant ce temps-là, la population peine toujours à se nourrir alors que la flambée des prix et la rareté des aliments de base font apparaître le spectre d’un début de famine en fin d’année. Notre économie est entrée dans une espèce de coma terminal si nous ne réagissons pas et l’État peine à exercer son autorité et à fournir aux Maliens les services de base qu’il leur doit au-delà du grand Bamako.
Alors, ce n’est pas la ‘’Transition’’ qu’il faut sauver, c’est notre pays. Nous devons trouver, en nous-mêmes, les ressorts moraux et les ressources pour remettre le Mali dans le droit chemin ; pour revenir à notre ambition du mois d’août 2020, lorsque nous voulions construire ensemble un avenir meilleur pour le Mali et pour les générations qui nous suivront. » Un chantier colossal ! : constitutionnel, institutionnel, sécuritaire, économique, social, etc.
En lieu et place de ça, de Koulouba aux marchés de Bamako, nous ne cessons de débattre sur qui appeler à l’aide ou qui accuser de tous nos malheurs, comme si la réponse à l’une ou l’autre de ces questions pouvait nous exonérer de notre propre responsabilité.
Mais que sont devenues les mannes de Simbo Soundjata[1], le père de notre pays ? Qu’avons-nous fait de l’esprit du Mansa du Mandem, celui qui mit en déroute Soumaworo Kanté, le roi forgeron du Sosso ; celui qui a uni dans un même pays, les Malinkés, les Maures, les Peuls, les Dogons et tous les autres ? Où est son courage, sa persévérance, sa franchise, lui qui avait reproché à son peuple son yâda[2], son yéré[3], son mépris et sa haine de son prochain. Où est son bras armé, Fakoli Doumbia, qui pacifia le Sahel ?
Ne faisons porter sur personne d’autre que nous la responsabilité de la situation actuelle. Nous sommes un peuple libre et un pays souverain. Rien ne nous contraint au-delà de ce que nous avons, en conscience, décidé et accepté. Le Mali doit respecter sa constitution, ses engagements internationaux et ses alliances.
Ce n’est que dans ces conditions que nous pourrons étendre ‘’la peau de la royauté du Mandem’’ pour y accueillir le Président que nous élirons.
[1] Simbo Soundjata est un chef mandingue qui créa l’empire du Mali au 13ème siècle par l’unification de tous les peuples qui y vivaient. Il abolit l’esclavage, rétablit le commerce et fit du Mali un royaume prospère et en paix.
[2] Infatuation
[3] Suffisance