La compétition entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis se précise
L’Arabie Saoudite vient d’amender sa réglementation concernant les importations des autres pays du CCEAG, en excluant désormais des tarifs préférentiels entre pays membres, les biens produits dans les zones franches ou utilisant des composants israéliens. Cela vise essentiellement les EAU, qui constituent actuellement le « hub » régional du commerce et des affaires.
Même si les deux pays sont des alliés proches, cela ne les empêche pas, en effet, d’être en concurrence pour attirer les investisseurs internationaux, mais aussi d’avoir des politiques distinctes à l’égard en particulier d’Israël, de la Turquie et du Yémen. En réalité, le royaume saoudien cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance au pétrole tout en fournissant des emplois à ses jeunes dans de nouveaux secteurs (mais plus dans l’administration). C’est ainsi que Riyad exclura aussi de l’accord tarifaire entre pays du CCEAG les biens produits par des sociétés dont moins de 25 % de la main-d’oeuvre est locale, de même que les productions industrielles dont la valeur ajoutée locale serait inférieure à 40 %. Par ailleurs, tous les biens produits dans les zones franches de la région ne seront pas considérées comme produites localement.
De même, les biens produits en Israël ou comportant des composants israéliens ne bénéficieront pas en Arabie du tarif préférentiel du CCEAG. Or, les zones franches sont précisément un atout majeur des EAU, qui ont par ailleurs signé en mai dernier un accord tarifaire avec Israël visant à développer les affaires entre les deux pays. Déjà, en février dernier, l’Arabie Saoudite avait annoncé qu’elle ne signerait plus de contrats gouvernementaux avec des sociétés dont le siège régional ne serait pas dans le royaume, alors que jusqu’à présent Dubaï abrite le siège de la plupart des compagnies étrangères actives dans la région. Enfin, l’Arabie et les EAU viennent de s’opposer Iors de la dernière réunion de l’OPEP + sur l’accord maintenant les restrictions tout en accroissant de 2 millions de barils/jour la production pétrolière du cartel à partir du mois d’août jusqu’à la fin de l’année (Abou Dhabi refuse le maintien des restrictions). En bref, si I’Arabie et les EAU demeurent des alliés stratégiques, les divergences politiques et commerciales deviennent de plus en plus apparentes. Cela ne devrait pas surprendre quand on sait que la « Vision 2030 » saoudienne s’inspire en réalité du modèle émirien et vise à développer dans le royaume des secteurs (tourisme, culture, énergies renouvelables environnement…) qui étaient jusqu’à présent le quasi-monopole des EAU (et du Qatar).
La compétition au sein du CCEAG devient donc patente, ce qui peut être stimulant mais aussi constituer des sources de friction, d’autant plus que certains choix politiques — Israël, Turquie, Yémen, voire Syrie — ne sont plus totalement convergents entre les deux leaders du CCEAG