Le royaume vient de dévoiler son budget pour l’année 2021. Celui-ci s’élève à 264 Mds $ , avec des dépenses réduites de 7,3 % et un déficit de 79,5 Mds $. Il reflète donc l’impact sérieux de la baisse du prix du pétrole et de la crise sanitaire.
Le PIB devrait diminuer en 2020 de 3,7 % , mais connaître en 2021 une croissance de 3,2 %. Les revenus de l’année 2020 sont évalués à 205 Mds $ et devraient atteindre 226 Mds $ en 2021. Ceux tirés du pétrole sont estimés à 110 Mds $ en 2020 – soit une baisse de 30,7 % par rapport à 2019 – et ceux non-pétroliers sont passés au cours de la même période de 88 Mds $ à 95 Mds $ «essentiellement du fait de profits exceptionnels des investissements gouvernementaux ». La dette publique devrait croître, de 228 Mds $ en 2020 à 250 Mds $ en 2021. Pour la première fois, les revenus pétroliers ne sont plus comptabilisés à part dans le budget mais dans la rubrique générale des «taxes et autres revenus» ; car selon le ministre des Finances «le gouvernement traite la compagnie Saudi ARAMCO – dont il est le principal actionnaire – comme un fournisseur de taxes, revenus et dividendes».
Cette année, les autorités ont relevé de 10 points le taux de la TVA (de 5 % à 15 %) pour alléger le déficit budgétaire, ce qui a suscité des réactions négatives dans la population. Celle-ci espère que la mesure sera reportée quand la crise sanitaire prendra fin – les vaccinations ont démarré – mais le ministre des Finances a nié que la réduction de la TVA soit envisagée à court ou moyen terme. Malgré la hausse en juillet de la TVA, les taxes sur les biens et services ont cependant diminué de 9 % en 2020 par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, si le gouvernement a pris tôt des mesures strictes sur le plan sanitaire pour limiter la pandémie du coronavirus, ses décisions pour soutenir l’économie nationale ont été nettement plus faibles que la moyenne des pays du G20 (3,1 % du PIB contre 9,7%). Le ministre de l’économie justifie cette politique en disant que les stimulations ont été concentrées sur les secteurs économiques les plus affectés et que le résultat est une récession saoudienne parmi les plus faibles au sein du G20.
Un des facteurs est apparemment que le confinement de la population a eu moins d’effet qu’ailleurs car 80 % des actifs saoudiens travaillent dans l’administration où la productivité est faible … En revanche, les secteurs du e-commerce, des télécommunications et de la santé ont naturellement bénéficié de la crise sanitaire. Il en va de même des start-ups dans la livraison à domicile de l’alimentation.
Quant au PIF, qui a investi à l’étranger au printemps dernier, il devrait fournir 6,66 Mds $ de dividendes au gouvernement. A l’occasion de la présentation du budget, le Roi, le prince héritier et le ministre des Finances se sont voulus résolument optimistes en déclarant que «si l’année 2020 avait été dure pour tout le monde, l’économie saoudienne s’était montrée résiliente, la crise avait été gérée efficacement et le royaume allait poursuivre sa marche vers le développement global».