Le Président élu Joe Biden a décidé de placer un ami de la France à la tête du Département d’Etat : Antony Blinken. Fils d’un diplomate américain et né à New York où il a vécu jusqu’à l’âge de neuf ans, Antony a ensuite suivi sa mère à Paris où elle a épousé en secondes noces Samuel Pisar, un rescapé d’Auschwitz et de Dachau devenu brillant avocat international.
C’est ce qui explique qu’Antony ait fait toutes ses études secondaires à Paris dans l’école bilingue Jeannine Manuel, avant d’étudier le droit à Harvard et Columbia.
En 1994, il rejoint le Président Clinton à la Maison Blanche, d’abord comme l’un de ses speech writers, puis dans son équipe diplomatique. C’est pendant les années suivantes qu’en qualité de conseiller diplomatique du Président Chirac, j’ai eu le privilège de travailler avec lui et Richard Holbrooke, aux accords qui ont mis un terme aux guerres de Bosnie puis du Kosovo. En tant qu’Ambassadeur à New York/ONU puis à Washington, et enfin comme conseiller diplomatique du Président Sarkozy, j’ai retrouvé « Tony » dans ses responsabilités successives, à la Commission des Affaires étrangères du Sénat, puis comme conseiller diplomatique du vice-président Biden dont il est extrêmement proche. Cette relation de confiance et d’amitié qui lie le Président élu et son secrétaire d’Etat sont un atout considérable pour Antony Blinken : tous ses interlocuteurs à travers le monde découvriront un homme chaleureux, brillant, connaissant à fond ses dossiers. Et ils sauront que sa parole reflète très exactement la pensée du Président.
Leur volonté commune est de restaurer la place et le rôle des États Unis dans le monde, à la tête de leurs alliances, à commencer par l’OTAN; au sein des organisations internationales et des grands accords, à commencer par celui de Paris sur le climat. Pour autant, les Européens ne doivent pas se faire d’illusions : le nouveau Président aura comme priorités, à l’intérieur, la lutte contre le Covid et la construction d’une économie plus « verte »; à l’extérieur, la construction d’un front indo-pacifique face à l’ascension de la Chine. Cela veut dire que les États Unis poursuivront leur retrait progressif des conflits régionaux à nos portes, du Moyen Orient à l’Afrique, de l’Europe orientale à la Méditerranée.
Quelle que soit l’amitié profonde que nous porte Antony Blinken, nous ne serons entendus du nouveau Président que si l’Union européenne est capable de mieux assumer elle-même les responsabilités qui lui reviennent dans son environnement, comme elle l’avait fait au moment des guerres en Bosnie et au Kosovo.