Alors que l’Italie, première victime de la pandémie, semblait se remettre des souffrances endurées, voici que le pays voit la courbe des “positifs” rapidement repartir à la hausse, cela en relation directe avec le nombre de tests effectués. Aujourd’hui ce qui importe, ce sont les soubresauts politiques qui rythment le paysage politique italien en marge de cette crise sanitaire. En juin 2019, Giuseppe Conte fut le temps d’une journée indiqué, puis ôté de la liste et enfin nommé Président du Conseil.
Il a été désigné par une coalition imprévisible formée par la Ligue de Matteo Salvini et du Mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio et Beppe Grillo. Il est fort probable que Giuseppe Conte n’ait jamais lui-même envisagé ce scénario. Il dirigea un premier gouvernement jusqu’à la rupture avec la Ligue, pour en constituer un nouveau aussi improbable que le premier en septembre 2019 ; s’allièrent le Mouvement 5 étoiles avec le traditionnel Parti social-démocrate (ancien parti communiste). Giuseppe Conte surprendrait encore si ce nouveau gouvernement se maintient en longévité. En effet, si le virus est bien présent, la politique parlementaire italienne n’en reste pas moins au coeur de l’échiquier. Il faut rappeler que le Président de la République en Italie est élu pour sept ans par le Parlement, ainsi les prochaines échéances sont pour 2022. Si le Gouvernement devait tomber, les élections pourraient offrir une majorité à la Ligue et donc conditionner le choix du prochain Président pour sept ans, une hypothèse qui allie tous les anti-Ligue. Cette dernière et surtout son leader Matteo Salvini semblent cependant être pénalisé électoralement par la gestion de la crise sanitaire qualifiée par “a singhiozzo” (soit « le hoquet », en zig zag dirait-on).
Les dernières élections régionales le démontrent, les résultats étant non seulement bien en deçà des attentes de Matteo Salvini et surtout ont vu sa rivale Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) siphonner son électorat populiste. Le parti reste le premier parti du pays mais il fléchit. Pire, au sein même du parti, le Président de la Région de Venise – Luca Zaia -, a été réélu triomphalement aussi grâce à sa gestion de la crise. Il est soutenu par les petites et moyennes entreprises du Nord qui n’approuvent pas la sortie de l’Europe défendue par le chef de la Ligue. En cela, Luca Zaia, se retrouve aider par un fidèle et homme fort de la Ligue – Giancarlo Giorgetti – qui souhaiterait se démarquer de Matteo Salvini. Pour cela, il défend un rééquilibrage politique à Bruxelles par le biais de la sortie du groupe souverainiste, principalement constitué du Rassemblement National de Marine Le Pen. Néanmoins, il n’est pas évident de voir avec quelle perspective d’alliance et avec quel groupe du Parlement européen la Ligue pourrait s’allier si ce n’est le PPE (parti populaire européen).
Le PPE n’entend pas s’accorder avec Matteo Salvini mais n’est pas hostile à ses 75 autres représentants ; après tout, les élus de Viktor Orban sont déjà au PPE, et c’est sans compter le coup dur que cela infligerait à Marine Le Pen, elle perdrait sa principale référence en Europe. Pendant ce temps, Giuseppe Conte surfe sur une popularité de plus de 60%. Sur un plan européen il réussit à faire passer l’Eurobond – l’Italie devient le premier destinataire de financements et soutiens de l’Union européenne – qu’importe si les nouvelles générations devront les rembourser par le biais d’un probable nouvel impôt européen.
Le chômage des jeunes est le plus élevé en Europe et même si la fiscalité est devenue attrayante pour les retours ou les riches contribuables, aucun voyant de l’économie n’est au vert. Il reste un peu moins de deux ans à Giuseppe Conte et d’état d’urgence en état d’urgence, ce n’est pas le complotisme qui fait foi, mais c’est bien la politique italienne qui continue.